Sommes-nous vraiment la génération précurseur du superficiel ?
C’est quelque chose que j’ai entendu récemment, qui a porté ma réflexion sur le sujet.
Vous avez remarqué comme on a tendance à tout blâmer sur notre « époque ». La société d’aujourd’hui a bon dos. Et à chaque époque son bouc émissaire. Les réseaux sociaux nous auraient-ils tant pervertis ? Le souci de l’apparence est-il le symptôme d’une génération hypnotisée par les écrans et accros aux #LookIAmFabulous ?
Si on se penche un peu sur l’histoire des cosmétiques on trouve un début de réponse. Il semble que soigner sa toilette est la préoccupation des Hommes depuis la nuit des temps. (Toute proportion gardée)
Imaginez que déjà sur un papyrus égyptien, Le Papyrus Smith*, portait en conclusion à un de ces articles « Si l’on se frotte la peau avec ce produit, elle devient parfaite de teint. La calvitie, toutes les taches de rousseur, toutes les marques fâcheuses de l’âge, et toutes les rougeurs qui gâtent l’épiderme sont guéries par le même moyen »
C’est pour dire, que tous les petits soucis d’aujourd’hui, étaient déjà les petits soucis d’avant.
Vous pouvez ajouter, « oui mais à l’époque, les produits utilisés ne devaient pas être très complexes ».
Détrompez-vous !
Les papyrus présentaient avec une grande précision des protocoles de formulations complexes.
Puis l’époque Gréco-Romaine nous a légué de précieux trésors archéologiques qui ont pu être analysés, ainsi que des textes. Les préparations étaient le plus souvent anhydres, éventuellement avec des résines, des fleurs, des gommes, des écorces parfumées pour en faire des huiles, baumes, onguent, emplâtres. Les connaissances et recherches physico-chimiques modernes confirment aujourd’hui l’intérêt dermo-cosmétiques des molécules utilisées dans ces préparations.
Et c’est ce qu’il y a de plus émerveillant. La technologie d’aujourd’hui, nous permet tout simplement de comprendre l’intérêt des savoirs faire ancestraux et des matières nobles et naturelles.
Par exemple, on peut voir au Musée du Louvre sur un fragment de décor d’un tombeau d’Egypte, du VIè siècle avant J-C, des femmes se prêtant à la technique de l’enfleurage de fleur de Lys. Or nous connaissons aujourd’hui assez bien comment les molécules actives agissent sur notre épiderme. L’extrait de Pancratium maritimum (Lys méditerranéen) inhibe une protéine responsable de la mélanogénèse, et donc des tâches pigmentaires.
Rappelons qu’hier comme aujourd’hui, les produits dermo-cosmétiques, ont une fonction importante pour protéger notre peau des conditions physiques de l’environnement : le soleil, le vent, la sécheresse, etc… Et nous pesons nos mots. Car oui, la peau est un organe vivant essentiel dont les fonctions sont en réalité vitales pour la survie de l’organisme. Alors prenons soin de notre peau sans complexe car prendre soin de sa peau n’a rien de superficiel !
Par ailleurs, les soins dermo-cosmétiques ne représentent qu’une minuscule fraction de notre complexe quête historique de l’embellissement. Il s’agit d’un sujet à part entière : qu’est-ce qui motive nos besoins d’embellissement quel s qu’ils soient ? Est-ce propre à la nature humaine ?
Pour lire plus sur le sujet de notre quête d’embellissement :
André, PatriceAubry, Jean-MarieBerteina-Raboin, Sabine, Chimie, Dermo-cosmétique et beauté. Editeur: EDP Sciences Année de Publication: 2017
Le lys et son éclatante blancheur
*« Pour transformer un vieillard en jeune homme (Papyrus Smith XIX, 9-XX, 10) ». Dans Mélanges Maspero, t. I, MIFAO, t. 66/1. Le Caire, 1935-1938, p. 853-877.