L’huile de tamanu, issue des graines de Calophyllum inophyllum, suscite un intérêt croissant comme alternative naturelle aux filtres solaires chimiques. Au-delà de son usage traditionnel connue en dermatologie (j’aborderai le sujet dans un autre article), son huile et ses extraits pigmentaires révèlent une capacité remarquable à absorber les rayons UVA et UVB, tout en respectant la peau et l’environnement. La publication de Ku et ses collaborateurs (2021) méritent qu’on expose leurs données.
Cette étude montre que les extraits bruts (C. Inophyllum seed extract, CISE) montrent une absorption dans les plages UVA (320–400 nm) et UVB (290–320 nm). Mais c’est l’extrait de pigment (C. Inophyllum pigment, CIP) qui se distingue avec un pic d’absorption à 300 nm (4,5 fois supérieur à celui du CISE).
La publication conclue que ce sont les pigments présents dans l’huile qui lui confèrent ses propriétés protectrices UV. Les analyses spectroscopiques (UV-Vis, ATR-FTIR) confirment que les pigments riches en composés aromatiques et phénoliques sont les principaux agents filtrants. Ces molécules interagissent avec les longueurs d’onde UV grâce à leurs structures chimiques spécifiques : anneaux aromatiques, groupes hydroxyles, doubles liaisons.
Ils notent que l’efficacité des extraits pigmentaires (CIP) est dose dépendante. L’ajout de 20 % de pigments à une base neutre permet d’atteindre un facteur de protection solaire (SPF) 50+ et une classification PA++++, soit une protection très élevée contre les UVA. Ces résultats sont comparables, voire supérieurs, à ceux de certains filtres UV synthétiques.
Sur le plan toxicologique, les extraits de Tamanu présentent une faible cytotoxicité. L’indice IC50 (concentration inhibitrice à 50 %) permet d’évaluer la dose à laquelle un composé réduit de moitié la viabilité cellulaire. Plus cette valeur est élevée, moins le composé est toxique. Par exemple, l’extrait brut (CISE) affiche une IC50 de 997,9 ppm — indiquant une faible toxicité. À titre de comparaison, certains filtres chimiques présentent des IC50 bien plus faibles, traduisant une cytotoxicité plus marquée.
Notre huile a été testée in vitro par un laboratoire, à une concentration de 3 %, diluée dans de l’huile d’olive. Les échantillons cutanés ont été exposés à une irradiation UVA pendant 67 minutes. Les résultats observés sur les inserts traités pendant l’exposition révèlent :
✅ Une viabilité cellulaire multipliée par quatre par rapport au contrôle positif*, dont la viabilité est considérée comme totalement perdue.
🧪 Une libération de lactate déshydrogénase (LDH) — enzyme indicatrice de dommages cellulaires — limitée à 8,73 %, soit inférieure au contrôle négatif** (13,71 %).
🔥 Une expression du marqueur inflammatoire IL-1α comparable à celle du contrôle négatif : 15,02 pg/ml contre 14,9 pg/ml, suggérant une absence de réaction inflammatoire notable.
Ces résultats indiquent que l’huile de tamanu offre une photoprotection significative en complément des écrans solaires classiques. Elle démontre in vitro sa capacité à réduire l’impact cytotoxique et les réponses inflammatoires induites par les rayons UVA sur les cellules de la peau.
En réduisant potentiellement la dépendance à certains filtres solaires, l’huile de tamanu pourrait représenter une alternative bénéfique pour la peau… et pour les coraux.
* contrôle positif = échantillon exposé sans traitement
**contrôle négatif = échantillon non irradié
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Bibliographie
Ku W-J, Lin C-J, Lin P-H. (2021). UV-Protection Performance of Calophyllum inophyllum Seed Extracts: A Natural Ultraviolet Screening Agent. Natural Product Communications.16(1). doi:10.1177/1934578X20985650